"J'ai décidé d'être heureux parce que c'est bon pour la santé."

Voltaire

lundi 22 novembre 2010

METHODES DE RELAXATION BERGES ET WINTREBERT

Relaxations adaptées aux enfants

Deux méthodes majeures peuvent être citées, celles de Bergès J. (Bergès J., Bounès M., 1985) et de Wintrebert H. (1986)

La méthode Bergès reprend les apports techniques de Schultz et d’Ajuriaguerra. Elle se pratique en cure individuelle ou en groupe. La prise en charge dure de six à un an, à raison d’une séance hebdomadaire. Il y a différentes phases :

- Phase de concentration mentale : « pense à un souvenir où tu t’es senti calme […], prends une photo ou une carte postale qui te plait et que tu trouves calme. » La consigne est répétée trois fois.

- Phase de rappel de son corps (en touchant les différentes parties du corps nommées) : « pense à ton épaule (toucher), à ton bras (toucher), à ton avant-bras (toucher)… »

- Détente neuro-musculaire : « Pense à ton épaule qui se repose, ton bras… (sans toucher) » « Maintenant je mobilise ton bras, ton avant bras, ton épaule… » (ces mobilisations permettent de resituer le corps de l’enfant
dans l’espace).

- Suggestion : « Tu sens ton corps lourd qui s’enfonce, tu le sens descendre vers le sol… »

- Reprise.

La méthode « activo-passive » de Wintrebert, que nous développerons plus en détail, tire son originalité du contact physique important entre le relaxateur et l’enfant.

Page 23

IV. Relaxation activo-passive de Henri Wintrebert

1) Présentation

Cette relaxation a vu le jour dans le jour dans le service de neuropsychiatrie de l’enfant de la Pitié-Salpêtrière, à la suite de travaux portant sur l’influence des mouvements passifs sur la vigilance (H. Wintrebert, 1959). En utilisant l’électroencéphalogramme (EEF), Wintrebert a montré la corrélation entre l’activité alpha (tracé de repos mental) et la décontraction qui se produit pendant le mouvement de relâchement musculaire, quand l’enfant abandonne toute participation et résistance. Cette activité alpha s’étendant jusqu’aux structures frontales d’où partent les voies motrices, le simple toucher du relaxateur sur le corps de l’enfant fait apparaître une onde : la « pointe du vertex ». Plus la relaxation progresse plus les « pointes du vertex » sont importantes. Cette méthode utilise donc largement le contact physique et induit une expérience quais « fusionnelle », un maternage qui fait partie intégrante du traitement. En effet, les inductions sont pour la plupart non-verbales. Le thérapeute cherche dans un premier temps une décontraction générale, ceci par les mouvements passifs de l’enfant : il effectue des mobilisations lentes, régulières et monotones au niveau d’un bras ou d’une jambe, jusqu’à disparition de toute résistance ou participation active. Dans un second temps, lorsque tout le corps a travaillé passivement, on passe à une phase plus active, l’enfant essayant de réaliser sa propre détente. Pour finir, l’enfant conserve son état de relaxation tout en retrouvant une certaine vigilance. Trois formes d’induction sont utilisées par l’auteur :

o Les inductions proprioceptives qui partent du mouvement et informent le sujet sur sa propre détente ;

o Les inductions tactiles, qui localisent les parties du corps ;

o Les inductions verbales, en nommant les différentes régions du corps et en suggérant certaines sensations (lourdeur, chaleur).

La relaxation permet l’apparition de phénomènes imaginaire (Wintrebert, 1968) : l’élévation, la descente, le tapis volant, la transformation en
animal, etc.

Ceux-ci peuvent symboliser les problèmes de l’enfant qui liquide ses conflits à travers leur expression. C’est pourquoi Wintrevert parle de « dialogue tonico-imaginaire » (1987). Il entrevoit la possibilité de prolonger cette relaxation par une psychothérapie donnant lieu à une mise en mot du matériel imaginaire qui surgit lors de la séance. Cependant, à la différence des méthodes qui s’affichent comme des « psychothérapies de relaxation » (Sapir, Ajuriaguerra), Wintrebert ne propose pas l’analyse du transfert ou des résistances comme une finalité. Pour lui la relaxation est une thérapie qui se suffit à elle-même : Son but est « d’aboutir à la liquidation des tensions intracorporelles qui se manifestent lors de la prise en charge de l’enfant, et des tensions extracorporelles dues aux difficultés de la vie courante, que l’enfant apprendra à résoudre en se détendant [… et …] que l’enfant arrive à l’utiliser dans les périodes critiques de sa vie » (1986). Afin de réaliser ces étapes l’auteur préconise une prise en charge d’une séance par semaine, pendant au moins une année scolaire.

2) Les différentes étapes de la méthode

Les premières séances sont consacrées à l’entretien et à l’observation de l’enfant.

o L’entretien préalable a lieu avec l’enfant et sa famille. Le recueil d’informations et axé autour des symptômes de l’enfant mais surtout de sa vie scolaire et familiale.

o Séance d’observation : « l’observation de l’enfant dans des situations psychomotrices variées doit permettre de déterminer sa typologie tonique, ses tensions neuromusculaires localisées ou généralisées. » (Wintrebert, 1987). Il fait l’étude de l’hyperexcitabilité et du maintien de la vigilance avec l’utilisation du métronome. A l’arrêt du tempo, l’enfant doit faire un mouvement : Wintrebert observe les anticipations, la stabilité ou l’instabilité posturale pendant l’attente. Il pratique l’examen du tonus afin de découvrir les tensions dans les membres, le tronc et le cou. Celles-ci s’expriment sous forme d’hypertonie, de paratonie ou même de catatonie. Wintrebert est attentif au tonus neurovégétatif qui exprime des tensions intériorisées et s’observe à travers des modifications du rythme respiratoire et cardiaque. Enfin, il étudie la maturation neuro-motrice et les aptitudes à structurer le temps et l’espace. En réalité, cette observation est un bilan psychomoteur.

Page 24 à 25


« RELAXATION THERAPEUTIQUES »

Marc GUIOSE

Editions : heures de France